Direction de numéro : Alexandre Coutant, Jean-Claude Domenget
Cette troisième livraison des Cahiers du RESIPROC invite à renouveler l’approche des métiers du communicateur face à l’essor conjoint du numérique et d’Internet. Elle vise à répondre à un ensemble de questions en apparence simples : un communicateur numérique est-il différent d’un communicateur classique ? Les formations en communication doivent-elles être repensées ? De nouvelles compétences viennent-elles s’ajouter ou se substituer à celles traditionnellement attendues d’un communicateur ? Est-il plus pertinent de qualifier ces métiers par le support qu’ils emploient ou la finalité de communication demeure-t-elle primordiale ? Dans un premier temps, les textes rassemblés analysent comment le communicateur se trouve bousculé par le numérique et dans un second soulèvent la question des compétences à transmettre.
Table des matières
Avant-propos (PDF)
Le communicateur bousculé par le numérique : quelles compétences à transmettre ? (PDF)
Alexandre Coutant, Professeur, Université de Québec à Montréal
Domenget Jean-Claude, Maître de conférences, Université de Franche-Comté, ELLIADD
Un communicateur bousculé par le numérique
L’expertise communicationnelle au prisme de ses instruments. L’exemple de Google Analytics.
Thomas Grignon, doctorant, Université Paris iv Sorbonne, Gripic
Communication et numérique : entre métiers émergents et discours circulants. Le cas du secteur des télécommunications.
Errecart Amaia, Maître de conférences à l’Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité, LabSIC
L’ « animateur de communauté politique ». Faits, réflexions et hypothèses.
Hübner, Lena Alexandra, Doctorante en communication, Université du Québec à Montréal
Modèle communicationnel d’un réseau socionumérique d’entreprise
Piment Hélène, Doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Lumière Lyon 2, Elico
Quelles compétences à transmettre ?
Community management et métiers émergents du numérique. Une analyse des représentations par l’étude des référentiels du marketing et de la communication.
Valérie Larroche, Enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, IUT Lyon3, Elico
Développer l’approche par compétences dans la réforme 2013 du programme du DUT Communication des Organisations. Comment faire reconnaître l’intégration d’Internet dans ce DUT ?
BOBIN Laurent, Consultant Webmarketing, fondateur de Becausse.com Agence Web en Aveyron, Chargé de cours à l’IUT de Rodez
VIDALENC Isabelle, Maître de conférences, Université Toulouse 1 Capitole, IUT de Rodez, Groupe MC2 (Médias, Communication et Culture) de l’IDETCOM
La communication organisationnelle et numérique : formation en mutation, profession en construction
Sylvie P. Alemanno, Maître de Conférences-HDR, Université de Nice Sophia-Antipolis
Un art de l’information et de la communication ?
Antoine Moreau, artiste, maître de conférences, Université de Franche-Comté, Elliadd
Le regard des professionnels
L’appel à un laboratoire en sciences sociales par une agence. Le cas de l’agence Publika
David Gracia, chef de projet webmarketing en poste lors de l’étude, Agence Publika,
Alexandre Coutant, Professeur, Université de Québec à Montréal
La collaboration entre praticiens et chercheurs
Aurélie Valtat, Digital Strategist, Commission Européenne
Sandrine Roginsky, Professeure, Université catholique de Louvain
Résumés/Abstracts
L’expertise communicationnelle au prisme de ses instruments. L’exemple de Google Analytics.
Thomas Grignon, doctorant, Université Paris iv Sorbonne, Gripic, thomas.grignon@celsa.paris-sorbonne.fr
Logiciels de veille, analytics, cartographies… s’imposent comme les auxiliaires du communicant. S’ils semblent perçus comme de simples outils de mesure, ils accompagnent la redéfinition des professions et contribuent à l’institutionnalisation de savoirs, de savoir-lire et de savoir-faire. À travers l’observation de Google Analytics, cette contribution s’intéresse à l’action des équipements de l’expertise, aux représentations qu’ils actualisent, à la manière dont ils préconfigurent des espaces de pratiques possibles. Comment influent-ils sur les compétences, connaissances et attitudes que les praticiens doivent intégrer ? Dans quelle mesure participent-ils à la professionnalisation des « métiers du numérique » ? L’analyse sémio-communicationnelle de GA illustre la diversité des prises que se donnent ses concepteurs sur la circulation des savoirs, compétences et valeurs dans ces mondes professionnels. Elle articule trois regards sur le logiciel. Elle l’envisage comme une technologie herméneutique contribuant à la stabilisation d’une manière de contempler l’objet de l’expertise communicationnelle (le web et les productions médiatiques). Elle l’observe comme une technologie pragmatique qui représente, autorise et suggère des usages, configurant l’usager, le conduisant à adopter une posture d’enquêteur, d’analyste, puis de gestionnaire. Elle l’étudie comme une technologie normative disciplinant la pratique des professionnels, imposant valeurs et normes pour décrire et concevoir les médias informatisés.
Mots clés : métrologie, professionnalisation, socio-sémiotique, médiations, analytics, performativité des dispositifs, prétention communicationnelle
Intelligence softwares, web analytics, network mappings… have gradually emerged as almost indispensable auxiliary equipment for marketing and communication experts. Although generally thought of as simple measuring instruments, these medias embody definite conceptions of communication and contribute to the socio-symbolic construction of expertise. Through careful observation of Google Analytics, this article critically reflects on web analytics tools and the way they influence professionals in their daily jobs. How do they impact the skills and knowledge the experts now have to integrate? How do they influence the professionalization process of the communications industry? From a semio-political perspective, this contribution explores how far a firm like Google can shape the evolution of professional communication. Three hypotheses are discussed. First, Google Analytics is considered as a technology that guides media interpretation, then, as an instrument that encourages its user to adopt certain postures, and finally, as a means to institute a set of norms and values to describe and design websites.
Keywords: web analytics, sociosemiotic, professionalization, performativity
Communication et numérique : entre métiers émergents et discours circulants. Le cas du secteur des télécommunications
Amaia Errecart, Maître de conférences à l’Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité Laboratoire des sciences de l’information et de la communication (LabSIC)
amaia.errecart@free.fr
Au carrefour du technique et du social, le numérique, s’appuyant sur le modèle d’Internet, a transformé les pratiques professionnelles, faisant apparaître de nouveaux métiers, de nouvelles configurations organisationnelles, de nouveaux usages, ainsi que de nouveaux discours. La technologie numérique y est présentée comme véritable vecteur de changement socio-culturel, dont l’entreprise entend faire de ses communicateurs des hérauts, des prophètes. Nous nous intéressons ici à un nouveau métier de l’Internet, dont la dénomination même porte la marque du registre religieux. « Évangéliste » est devenu une nouvelle fonction dans les entreprises de la sphère des télécommunications. La récurrence du terme participe de la construction d’une véritable rhétorique messianique autour du numérique.
Nous interrogeons l’apparition de cette nouvelle fonction de communicateur dans ce secteur, les enjeux associés à sa professionnalisation, et la construction d’une identité professionnelle attachée à ce nouveau métier à travers les logiques d’ethos auxquelles il donne lieu. À travers son étude, nous cherchons à analyser la prégnance du registre religieux qui se fait jour autour du numérique et ainsi interroger les imaginaires et les conceptions de la communication qu’il sous-tend.
Mots-clés: Numérique, télécommunications, analyse de discours, récit, ethos, imaginaire religieux, expertise, professionnalisation
At the junction of the technical and social, digital technology, drawing on the model of the Internet, has transformed professional practices, by revealing new professions, new organizational configurations, new uses and new discourses. Digital technology is presented as a socio-cultural change vector, that companies ask their communicators to be prophets. We are interested in one of the new jobs of the Internet, whose name bears the mark of religious register: « evangelist » has become a new function in the sphere of business telecommunications and digital. The recurrence of the term involved the construction of a very messianic rhetoric around digital.
We analyse the merge of this new communicator function in this sector, the stakes associated with its professionalization and the construction of a professional identity attached to this new business through its logic of ethos. Through the study of the development of this new business speech communication, we seek to analyze the meaning of the religious register that is emerging around the digital and thus question the imaginary conceptions of communication that it subtends.
Keywords: Digital, telecommunications, discourse analysis, narrative approach, ethos, religious imagination, expertise, professionalization
L’ « animateur de communauté politique ». Faits, réflexions et hypothèses
Hübner, Lena Alexandra, Doctorante en communication, Université du Québec à Montréal
hubner.lena_alexandra@uqam.ca
Cet article propose une discussion théorique autour de la notion de l’animateur de communauté dans le domaine politique. Plus précisément nous nous intéressons au rôle que ce dernier joue dans l’émergence de débats délibératifs au sein d’échanges ayant lieu sur les pages Facebook de partis politiques allemands. En s’appuyant sur les recherches portant sur les modérateurs de forums politiques et sur la recherche à propos de la gestion de communauté en communication marketing, le texte se questionne sur la relation entre l’animateur de communauté, son public et le parti politique. Ce faisant, trois hypothèses sont élaborées. Premièrement, le statut de l’animateur de communauté au sein de son équipe pourrait jouer un rôle dans le développement des échanges sur les pages en question. Deuxièmement, la modération silencieuse ne favoriserait pas l’émergence de débats. Troisièmement, le maintien de la frontière de l’espace de discussion susciterait des tensions entre internautes et partis politiques. À travers le concept du gatekeeping (contrôle des flux d’information), il est possible de capturer les rapports de force qui se déploient entre la communauté, l’animateur et le parti politique dans ce contexte.
Mots-clés : partis politiques allemands, usages des réseaux socionumériques, gestion de communautés, gatekeeping, délibération citoyenne
This article reflects a theoretical discussion about the notion of community management in German politics. It shows the role that the community manager plays in exchanges that take place on Facebook pages of political parties. More precisely, the article focuses on the community manager’s influence on the emergence of deliberative debates. Referring to research about moderation of political parties’ discussion forums as well as to marketing and communication studies on community management, this text questions the relation between community manager, its public and the political party. In doing so, three hypotheses are elaborated. First, the community manager’s status within the communication department and the party itself could play a role in the development of exchanges on the pages in question. Second, silent moderation would not favour emergence of debates. Finally, the maintenance of the frontiers defining the sphere of discussion may provoke tensions between the participants and the party. By applying the concept of gatekeeping, we are able to capture the power relations between users, management and political party in this context.
Keywords: German political parties, social networks, community manager, gatekeeping, deliberation
Modèle communicationnel d’un réseau socionumérique d’entreprise
Piment Hélène, Doctorante en Sciences de l’Information et de la Communication, Université Lumière Lyon 2, Elico
helene.piment@univ-lyon2.fr
Les réseaux socionumériques d’entreprise (RSE) sont considérés comme des réseaux socionumériques (Rsn) internes, en référence notamment à Facebook. Ils semblent offrir aux utilisateurs usuels des Rsn l’occasion d’exploiter une compétence communicationnelle particulière, issue de cette pratique habituelle. Afin de vérifier la possibilité qu’une compétence communicationnelle émerge au niveau des membres de l’organisation, nous avons cherché si le modèle communicationnel du RSE était équivalent à celui de Facebook. A l’aide des concepts d’écrit d’écran, d’énonciation éditoriale et de la notion de signe passeur, nous avons analysé le discours de l’éditeur et de l’administrateur. Si l’univers de référence des pages analysées est celui de Facebook, elles ne proposent pourtant pas aux salariés de l’organisation les mêmes modalités communicationnelles. La compétence qu’ils peuvent mettre en œuvre au sein de ce dispositif est restreinte à l’expression du soi, et privée de son axe relationnel. L’analyse a également mis au jour l’écart entre le discours porté sur le RSE et sa concrétisation au sein d’une organisation.
Mots-clés: réseau social d’entreprise, compétence communicationnelle, analyse sémiotique, énonciation éditoriale, visibilité, identité numérique.
The enterprise social networks (ESN) are considered as internal social networking sites (SNS), especially in reference to Facebook. They seem to give to the usual users of the SNS the opportunity to make use of one particular communicative competence resulting from this regular practice. In order to confirm the eventuality that a communicative competence is emerging at the level of the members of the organization, we sought if the ENS’s communicative model was equivalent to Facebook’s one. Using the concepts of “screen writing” and “editorial enunciation”, and the notion of “conveyor sign”, we analysed publisher and administrator’s discourse. If the reference universe of the analysed pages is Facebook’s one, they however don’t offer to the organization’s employees the same communicative modes. The competence that they can apply within this apparatus is restricted to the expression of the self, without its relational line. The analysis also brought to the light the gap between the discourses on the ESN and its realization within an organisation.
Keywords: enterprise social network, communicative competence, semiotic analysis, editorial enunciation, visibility, digital identity.
Community management et métiers émergents du numérique. Une analyse des représentations par l’étude des référentiels du marketing et de la communication
Valérie Larroche, Enseignant-chercheur en sciences de l’information et de la communication, IUT Lyon3, Elico
valerie.larroche@univ-lyon3.fr
Cet article approfondit les représentations des métiers émergents du numérique par les employeurs annonceurs et les recruteurs d’agence de recrutement. En comparant 12 fiches métiers de différents référentiels en communication marketing publiés entre 2009 et 2015, on constate des stratégies de visibilité qui minimisent les relations permettant la reconnaissance mutuelle d’individus singuliers. Un focus sur le métier de community manager permet d’une part d’observer l’évolution des représentations de ce métier par les recruteurs, et d’autre part d’analyser les relations établies entre le community management et les métiers émergents étudiés. Les référentiels dans cet article sont le matériel de base des analyses. Ils sont considérés comme des dispositifs de confiance (Karpik, 2007) et des outils de traduction (Callon, 1986).
Mots-clés: référentiels métiers, métiers émergents du numérique, dispositif de confiance, community manager, visibilité
This article examines in depth employers’ and recruitment agencies’ representations of emerging digital professions. Comparing twelve different emerging job’s descriptions released in the 2009-2015 period, we put in evidence that visibility strategies are privileged over the mutual recognition between individuals. A focus on community manager allows us firstly, to observe how representations of recruiters are evolving and secondly, to explore relations mainly between community management and other emerging professions. Reference guides in this article are considered as confidence devices (Karpik, 2007) and non-human actors (Callon, 1986).
Keywords: skills checklist, emerging professions in numeric fields, confidence devices, community manager, visibility
Développer l’approche par compétences dans la réforme 2013 du programme du DUT Communication des Organisations. Comment faire reconnaître l’intégration d’Internet dans ce DUT ?
BOBIN Laurent, Consultant Webmarketing, fondateur de Becausse.com Agence Web en Aveyron, Chargé de cours à l’IUT de Rodez
laurent.bobin@becausse.com
VIDALENC Isabelle, Maître de conférences, Université Toulouse 1 Capitole, IUT de Rodez, Groupe MC2 (Médias, Communication et Culture) de l’IDETCOM
isabelle.vidalenc@iut-rodez.fr
En 2012, en France, un travail de réflexion sur les compétences attendues à l’issue du Diplôme universitaire de technologie (DUT) Communication des Organisations a été mené. Il a abouti à la création d’un référentiel de compétences. La logique des compétences s’impose ainsi comme une passerelle entre l’université et le monde du travail. A l’université, nous préparons les étudiants au développement d’une capacité réflexive et à leur inscription dans la logique de l’apprentissage tout au long de la vie. Or l’explicitation des compétences est loin d’être une opération évidente. P. Vermersch propose une méthode d’entretien d’explicitation. Appliquée aux savoir-faire du référentiel, elle permettra de déterminer les savoirs théoriques utiles pour compléter le programme pédagogique. En conclusion, le travail d’élaboration d’un programme pédagogique est un chantier jamais fini, où savoirs et savoir-faire interagissent pour toujours plus de dialogue entre les communautés universitaires et professionnelles. L’entretien d’explicitation sera alors utile pour faire émerger des compétences.
Mots-clefs : formation universitaire professionnalisante, DUT Communication des Organisations, référentiel de compétences, entretien d’explicitation, métiers de l’Internet
In 2012, in France, a study on the competences awaited at the end of the technical degree (DUT) Communication of Organizations was led. It ended in a competency framework. It appeared that the logic of the competences stands out as a bridge between the university and the world of work. At the university, we prepare the students to develop a reflexive capacity and to enter into logic of learning throughout life. Yet the explicitation of the competences is far from being an obvious operation. P. Vermersch proposes a method of interview of explicitation which will be applied to the know-how of the competency framework, in order to identify the necessary theoretical knowledge to complete the educational program of the DUT. In conclusion, the work of an educational program is a never-ending process where knowledge and know-how interact for an ever greater dialogue between university and professional communities. The interview of explicitation will be a powerful tool to make competences come out.
Keywords: professional-qualification university education, communication of organizations, competency framework, interview of explicitation, Internet jobs
La communication organisationnelle et numérique : formation en mutation, profession en construction
Sylvie P. Alemanno, Maître de Conférences-HDR, Université de Nice Sophia-Antipolis
Sylvie.parrini-alemanno@unice.fr
Le dispositif de l’apprentissage universitaire en communication paraît faire émerger de façon singulière la problématique de la construction des compétences du groupe professionnel des communicants. Nous supposons que ce type de dispositif pour une formation en communication à un niveau master soulève la problématique du primat du terrain dans la formation des compétences spécifiques à la communication des organisations. En d’autres termes, une appropriation de la formation des étudiants, notamment apprentis, par les professionnels, instaurés tuteurs d’apprentissage par le dispositif, pourrait-elle se faire aux dépends de la formation académique ? De récentes études montrent que la définition du groupe professionnel des communicants est fortement soumise aux mutations organisationnelles dues pour partie au numérique. Nous explorons, suivant une démarche compréhensive, cette écologie organisationnelle en cours de complexification et les effets d’une communication essentialisée par les professionnels dont le numérique est devenu l’instrument princeps. Nous avons procédé par questionnaires et entretiens auprès des étudiants et professionnels attachés à la formation par apprentissage d’un Master en communication à l’Université de Nice Sophia Antipolis.
Mots-clefs : communicant, communication numérique, compétence, dispositif, apprentissage, groupe professionnel
The university learning device in communication seems to emerge in a singular way the issue of the construction skills of the professional group of communicators. We assume that this type of device for communication training at a master level raises the issue of the primacy of the field in the formation skills specific to the communication of the organizations. In other words, ownership of the training of students, including apprentices, by professionals, learning tutors introduced by the device, it could be done at the expense of academic training? Recent studies show that the definition of » professional groups » of communicators is highly subject to organizational changes due in part to digital. We explore, following a comprehensive approach, this organizational ecology being complexity and the effects of essentialised communication professionals whose digital has become the instrument originator. We conducted by questionnaires and interviews with students and professionals committed to the apprenticeship of a Master in Communication at the University of Nice Sophia Antipolis.
Keywords: communicator, digital communication, competence, device, learning, professional group
Un art de l’information et de la communication ?
Antoine Moreau, artiste, maître de conférences, Université de Franche-Comté, Elliadd
Antoine.moreau@univ-fcomte.fr
Pour saisir l’opération du numérique dans les métiers de la communication nous allons observer ce que l’art lui même opère pour son propre objet. L’art comme technique, l’art comme jeu et mise en jeu des savoirs-faire. L’art lui-même traversé par le numérique, l’ayant anticipé et le projetant dans des pratiques communicantes. Il s’agira, via cet ars/techné, de remettre en forme les « métiers de la communication ». Nous constaterons la qualité problématique des productions issues des pratiques amateures et nous en tiendrons compte pour dégager un possible « art de l’information et de la communication ». Nous envisagerons enfin le transmédia pour résoudre les enjeux d’une société devenue une société de jeux où l’Histoire se construit avec des histoires. En apprendre les règles, en découvrir les qualités, pourra permettre de mieux comprendre le matériau numérique pour les métiers de la communication.
Mots-clefs : art, technique, transmedia, métier, jouabilité, amateur
In order to think about how the digital is changing communication profession we will draw a parallel with what art itself operates on its own object. Art as technical, art as game and know-how mobilizations. Art itself influenced by the digital, having anticipated and projecting it into communication practices. This thinking about ars / techne will help us to reshape the communication professions. We will focus on the issues of amateur productions quality and we will consider this to draw a possible « art of information and communication ». Finally, we will consider how transmedia can be a possible way to solve the challenges of a society became a game society where History is built with stories. Finding out its rules, discovering its qualities, will help a better understanding of how the digital material can affect communication professions.
Keywords: art, technology, transmedia, profession, playability, amateur
L’appel à un laboratoire en sciences sociales par une agence. Le cas de l’agence Publika
David Gracia, chef de projet webmarketing en poste lors de l’étude, Agence Publika
Entretien conduit par Alexandre Coutant, Professeur, Université de Québec à Montréal
coutant.alexandre@gmail
Cette contribution rend compte de la démarche d’appel à un laboratoire de sciences sociales par l’agence Publika. David Gracia, Chef de projet webmarketing en poste au moment de la réalisation de l’étude, décrit le type d’intervention fourni auprès de leurs clients à travers ce cas, afin d’identifier les situations où une approche académique leur est apparue nécessaire. Alexandre Coutant, responsable des interventions du laboratoire, ajoute ses commentaires, identifiés en italique, aux passages qui lui apparaissent charnières dans l’établissement d’une relation mutuellement profitable.
La collaboration entre praticiens et chercheurs
Entretien avec Aurélie Valtat, Digital Strategist, Commission Européenne
Entretien conduit par Sandrine Roginsky, Professeure, Université catholique de Louvain
Sandrine.roginsky@uclouvain.be
Aurélie Valtat est responsable de la communication digitale au Conseil de l’Union européenne, l’une des trois principales institutions de l’Union européenne. Elle est membre et ancienne présidente de l’IABC (International Association of Business Communicators). Titulaire d’un DEA en Sciences politiques, elle a essentiellement travaillé dans les organisations internationales, où elle s’est formée à la communication numérique.
Biographies des auteurs
Sylvie P. Alemanno (France) est Maître de Conférences- HDR en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université de Nice Sophia Antipolis, directrice du Département des Sciences de l’Information et de la Communication et responsable du Master 1 er 2 en Communication des Organisations et stratégies d’images et Internet. Psychosociologue des organisations, ex-directrice des ressources humaines d’un établissement médical, consultant et chercheur, ses interventions et recherches portent sur les transformations des modes d’existence au travail dans le contexte numérique (crises internes, pouvoirs des média), des professions et des dispositifs de formation, des stratégies managériales et du processus de la confiance organisationnelle notamment dans le monde de la santé.
Laurent Bobin (France) est consultant indépendant au sein de l’agence Becausse, agence conseil spécialisée en stratégie et actions webmarketing / ecommerce. Il a été responsable marketing opérationnel des chaînes thématiques du Groupe Canal+, et enseigne le webmarketing à l’IUT Infocom de Rodez & Millau (Université de Toulouse 1 Capitole).
Alexandre Coutant (Canada) est professeur de communication publicitaire au Département de Communication Sociale et Publique de l’Université du Québec à Montréal. Il s’intéresse aux activités de consommation des individus et à leurs usages des technologies de l’information et de la communication. Ses premières recherches s’intéressent au fonctionnement du secteur professionnel du marketing et de la communication, un domaine qu’il analyse désormais dans le cadre des mutations induites par le numérique sur l’activité des communicateurs.
Jean-Claude Domenget (France) est enseignant-chercheur à l’Université de Franche-Comté et responsable de deux programmes de recherche « Innover par les usages » et « Dispositifs de communication, identités, territoires et temporalités » au sein du Laboratoire ELLIADD. Ses travaux portent sur les usages professionnels des médias socionumériques chez les communicateurs, interrogeant les enjeux d’identités professionnelles et d’e-réputation. Participant à plusieurs réseaux et associations de chercheurs, il est membre du conseil d’administration de la SFSIC (Société Française des Sciences de l’Information et de la Communication).
Amaia Errecart (France) est docteur du CELSA (Université Paris-Sorbonne), maître de conférences en Sciences de l’Information et de la Communication à l’Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité, où elle dirige le Master Mention « Communication des organisations », Parcours « Communication des entreprises, des institutions publiques et des associations ». Ses travaux de recherche, menés au sein du Laboratoire des Sciences de l’Information et de la Communication (LabSIC), s’inscrivent dans le champ de la communication des organisations, appréhendée sous l’angle des discours organisationnels : analyse des discours sur la responsabilité sociale de l’entreprise (RSE), les modes de coopération entre acteurs sociaux et des processus d’interaction langagière associés, les transformations contemporaines des organisations associatives, les formes symboliques et imaginaires en jeu autour de la technologie numérique.
Thomas Grignon (France) est doctorant en sciences de l’information et de la communication au Gripic (EA 1498, CELSA – Université Sorbonne Paris IV). Sa thèse, réalisée au sein d’une agence internationale de conseil en relations publiques, s’intéresse aux reconfigurations contemporaines de l’expertise professionnelle en communication. Elle analyse les modèles, savoirs et représentations qui accompagnent l’évolution des pratiques et porte une attention particulière à la diversité des acteurs et dispositifs impliqués dans la professionnalisation des « métiers du numérique ».
Lena A. Hübner (Canada) est étudiante au doctorat en communication à l’Université du Québec à Montréal et adjointe de recherche au Centre de recherche interuniversitaire sur la communication, l’information et la société (CRICIS). Ses recherches portent principalement sur la communication politique sur les réseaux socionumériques au Canada et en Allemagne.
Valérie Larroche (France) est enseignant chercheur à l’IUT Lyon3. Elle est responsable d’une licence professionnelle en marketing et communication digitale. Elle est aussi membre d’Elico, laboratoire de recherche lyonnais en sciences de l’information et de la communication. Ses recherches portent sur la reconnaissance de l’identité professionnelle des métiers émergents en communication, la reconnaissance de l’épaisseur temporelle du soi professionnel. Elle participe aussi à des projets portant sur l’open data (projet ANR OpenSensingCity).
Antoine Moreau (France) est artiste, enseignant-chercheur à l’Université de Franche-Comté au département Multimédia de Montbéliard. Membre du laboratoire ELLIADD il est responsable du programme « liens entre les arts et le numérique ». Initiateur de Copyleft Attitude et co-rédacteur de la Licence Art Libre inspirée des logiciels libres, ses recherches interrogent l’esthétique travaillée par un souci éthique, une possible « es-éthique ».
Hélène Piment (France) est doctorante en sciences de l’information et de la communication. Ses recherches portent sur le réseau socionumérique d’entreprise envisagé comme dispositif info-communicationnel. Elles visent notamment à saisir les différents discours qui le traversent. Auparavant conseil, chef de projet et assistante à maîtrise d’ouvrage en technique de communication et d’information, elle a également animé durant quelques années la délégation régionale lyonnaise de l’ADBS, association des professionnels de l’information.
Sandrine Roginsky (Belgique) est membre du laboratoire d’analyse des systèmes de communication des organisations (LASCO) de l’Université catholique de Louvain. Elle a participé à la mise en place du Social Media Lab de l’UCL, elle est dans ce cadre responsable du Certificat universitaire en communication web. Ses recherches portent principalement sur les usages des médias socionumériques dans le champ politique européen. Elle s’intéresse notamment aux évolutions des pratiques de travail en lien avec l’intégration des outils socionumériques dans le cadre professionnel.
Aurélie Valtat (Belgique) est responsable de la stratégie numérique à EuropeAid, le département de la Commission européenne qui s’occupe de développement et de coopération internationale. En tant qu’experte reconnue dans le domaine des réseaux sociaux et de la diplomatie numérique, elle participe à de nombreuses conférences et travaux sur le sujet. Elle est également ancienne présidente et membre du conseil d’administration d’IABC (branche belge), l’Association internationale des professionnels de la communication.
Isabelle Vidalenc (France) est enseignante-chercheuse à l’IUT de Rodez en Sciences de l’Information et de la Communication, membre de l’IDETCOM à l’Université Toulouse Capitole. Très investie dans la création et la gestion de diplômes et dans le réseau des chefs de départements d’IUT Infocom, ayant développé une sensibilité à l’approche par compétences par l’enseignement du module de Projet Professionnel et Personnel et par l’élaboration de référentiels de compétences, elle se questionne sur l’évolution de la recherche universitaire, suite à l’obligation de financer la recherche sur projets et à la nécessité pour les chercheurs de développer une démarche réflexive pour rendre explicites leurs compétences.