Laurent MORILLON, Benoit CORDELIER, deux contributeurs actifs du RESIPROC et leur collègue Ouidade SABRI, lancent un appel à articles
20 décembre 2021 20 janvier 2022 : limite de réception des résumés
« Le présent appel à articles pour la revue Communication & Management, invite à questionner les recherches sur la communication des organisations en contexte de numérisation généralisée au prisme des disciplines et des épistémologies. L’étude critique des processus généraux de constitution des connaissances valables de la science – qu’il s’agisse des postulats, logiques, fondements, méthodes… – permet en effet de déterminer les origines et portées scientifiques et philosophiques des travaux et donc leur valeur (Piaget, 1967). Organisation et communication sont questionnées avec des courants théoriques nombreux et diversifiés qui reposent sur des hypothèses différentes quant à la nature de la société et de la science (Rojot, 2003). En France, en sciences de gestion, la recherche a historiquement eu pour ambition d’expliquer et si possible de prescrire des processus organisationnels afin de guider les actions des dirigeants notamment dans les entreprises. De fait, le fonctionnalisme a d’abord été retenu pour qualifier leurs approches (école classique des organisations, école des ressources humaines…). Mais dans les années 1980, Trujillo et Toth (1987) recensent également la mobilisation de paradigmes interprétatifs et critiques. L’enjeu n’est plus alors forcément l’opérationnalisation pratique et la résolution de problèmes organisationnels mais la proposition de modèles d’explication. L’interprétativisme, emblématique dans les travaux de Weick (1969), fortement mobilisés en gestion comme en communication, est revendiqué dès la conférence d’Alta en 1981 dans l’ouvrage de Putnam, Pacanowsky (1983) qui s’en inspire et aboutit à des développements interdisciplinaires centrés sur l’organisation (Putnam et Nicotera, 2009). En sciences de l’information et de la communication, si les recherches ont d’abord hérité d’un certain nombre de théories positivistes (théorie de l’information, cybernétique…), elles ont exploré dès les années 1990 d’autres épistémologies et ce dans une posture critique en rupture avec les études descriptives ou prescriptives des pratiques professionnelles (Bernard, 2006). C’est ainsi par exemple que l’organisation est appréhendée comme une entité symbolique avec la systémique qualitative inspirée des travaux de l’école de Palo Alto (Mucchielli, 1999) ou que la communication est considérée comme organisationnelle dans une perspective constructiviste avec la théorie conversation-texte (Cooren, Taylor, Van Every, 2006). Plus récemment, Bouillon, Bourdin et Loneux (2008) proposent de caractériser une approche communicationnelle des organisations. »