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Lancement du numéro 7. Trajectoires professionnelles en communication : atypies, hybridités et temporalités

Lancement du numéro 7 de Communication & professionnalisation

Direction de numéro :
Dany Baillargeon, Université de Sherbrooke
Alexandre Coutant, Université de Sherbrooke

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Les trajectoires professionnelles dans les métiers de la communication sont notoirement connues pour être atypiques. Bien que depuis de nombreuses années, nous ayons assisté à des tentatives de standardisation dans les établissements d’enseignement et dans les associations professionnelles, souvent sous le coup d’une recherche de positionnement que d’un seul désir de rendre professionnelle la communication, les parcours professionnels des communicateurs demeurent hétérogènes. La nature fondamentalement transdisciplinaire ou pluridisciplinaire de la communication appelle des professionnels aux compétences multiples, et aux postures éthiques parfois contradictoires. Se retrouvent ainsi confrontés des praticiens provenant de spécialisations aussi diversifiées que la sociologie, le marketing, la gestion, les ressources humaines, la politique, la psychologie. Ce numéro propose d’observer les différentes temporalités professionnelles des communicateurs, les hybridités des parcours, l’(a)typie des parcours de formation et les vecteurs influant ces trajectoires.

 

Publication de l’ouvrage «Communications & organisations : accélérations temporelles»

Capture d’écran 2017-07-10 à 09.45.43.pngValérie Lépine, membre active du RESIPROC, Sylvie Alemanno et Christian Le Moënne viennent de lancer l’ouvrage Communications & organisations : accélérations temporelles, aux éditions L’Harmattan.

Cet ouvrage propose dans sa globalité d’observer le couplage communications/organisations et ses temporalités. Qu’elles soient transformées par le numérique, par la mondialisation ou encore par les politiques publiques voire par une combinaison de ces différents éléments, les temporalités organisationnelles en transformations tendent davantage vers l’accélération que vers une gestion humainement raisonnable du temps de travail et au travail. L’accélération temporelle en organisations comporte autant de risques humains et techniques qu’elle est source de créativité (creusée par le processus d’adaptation) dans les restructurations organisationnelles et les pratiques professionnelles.

Les rationalités temporelles qu’elles soient en plan, en flux ou en normes d’action (Partie 1) peuvent s’imposer comme des nécessités face aux dyschronies mais elles en sont parfois aussi à l’origine (Partie 2). Elles déclenchent en retour des phénomènes de réappropriations plurielles (Partie 3) adaptatives et parfois très créatives dans des environnements ou dans des pratiques qui tentent d’échapper aux contraintes temporelles, ou tout au moins de les redéfinir partiellement.

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AAA – Trajectoires professionnelles en communication : atypies, hybridités et temporalités

Appel à articles – Communication & professionnalisation, vol.6, 2018

(Anciennement les Cahiers du Resiproc)

Les trajectoires professionnelles dans les métiers de la communication sont notoirement connues pour être atypiques. Bien que depuis de nombreuses années, nous ayons assisté à des tentatives de standardisation dans les établissements d’enseignement et dans les associations professionnelles (Baillargeon et al., 2013), souvent sous le coup d’une recherche de positionnement que d’un seul désir de rendre professionnelle la communication, les parcours professionnels des communicateurs demeurent hétérogènes (Coutant, 2009). La nature fondamentalement transdisciplinaire ou pluridisciplinaire de la communication appelle des professionnels aux compétences multiples, et aux postures éthiques parfois contradictoires (Maas et al., 2017). Se retrouvent ainsi confrontés des praticiens provenant de spécialisations aussi diversifiées que la sociologie, le marketing, la gestion, les ressources humaines, la politique, la psychologie.

Aussi voit-on des phénomènes de légitimation et de professionnalisation probants de cette atypie : capital professionnel bâti par « hopping » (McLeod, O’Donohoe et Townley, 2011; Nixon, 2003; Pratt, 2006) ou par des dynamiques de liens marchands (Cochoy, 2012); forte rhétorique sur le savoir, à défaut d’une pratique standardisée (Alvesson, 2004); quête constante et ambivalente d’un idéal déontologique et éthique (Maas et al., 2017); polysémie et équivocité des titres d’emploi (David et Motulsky, 2010); identification (ou «désidentification») à un statut professionnel (Jeffrey, Brunton, 2012); contestation du terme «professionnalisme» et croisement (nexus) d’importants questionnements théoriques et pratiques (Cheney et Aschcraft, 2007).

Cette quête incessante d’une professionnalité aboutit à une prolifération de formations et de certifications aux formats comme à la rigueur variables  (de la Broise et Morillon, 2014). Ainsi, les professionnels de la communication offrent des temporalités biographiques (Bessin, 2009; Dubar, 2004) atypiques, marquées par des retours aux études, de la formation tout au long de la vie, des oscillations entre projets personnels et projets professionnels, emploi en organisation et travail autonome ou consultation.

Par ailleurs, malgré des efforts de standardisation de la profession, la communication continue d’être le théâtre d’hybridations professionnelles. Les journalistes deviennent relationnistes ou producteurs de contenus (Baillargeon et al., 2016; Bernier et al., 2005); les mathmen deviennent les nouveaux communicateurs à l’aune du big data (Couldry et Turow, 2014; Messinger, 2014); les responsables des RH endossent la fonction de communicateur interne (Talal, 2013). Soulignons aussi les fertilisations croisées entre politique, marketing et communication (Kugler, 2006 ; Stenger, 2012) Bref, autant d’indices que cette profession “échappe inévitablement à toute maîtrise systématique” (Champy, 2009, p. 84).

Depuis le lancement, en 2011, du RESIPROC, entre autres sous le coup du dévoilement de la Grande enquête sur les pratiques généralement admises (David et Motulsky, 2010), les activités du Réseau ont pu relever l’atypie des parcours des professionnels, dont la reconnaissance demeure constamment à faire. Soumise à des tensions (Baillargeon et al. 2013), à des dispositifs d’apprentissage instables (Lépine et David, 2014), à des transformations portées par le numérique (Coutant et Domenget, 2015), des prescriptions et des dynamiques d’émancipation (Brulois et al., 2017); des tensions éthiques (Maas et al., à paraître), cette professionnalisation reste à légitimer.

Pour cette 6e parution de Communication & professionnalisation, les auteurs sont invités à soumettre des réflexions théoriques, empiriques ou pratiques sur les trajectoires des professionnels de la communication.

Plus particulièrement, mais de façon non exclusive, sont attendues des réflexions portant sur les quatre axes suivants :

  1. les différentes temporalités professionnelles des communicateurs : temps de formation et temps professionnels; les chevauchements de ces temporalités et les dynamiques socioprofessionnelles (mise à jour nécessaire des connaissances, mutation des pratiques sous le coup du numérique, mondialisation et mobilité, injonctions des associations professionnelles, etc.) les engendrant;
  2. les hybridités des parcours : comment différentes professions se chevauchent, se contaminent, se combinent avec les tensions que ces amalgames génèrent et participent ou non à la professionnalisation;
  3. l’(a)typie des parcours de formation, qu’ils soient institutionnalisés ou non, de même que les rationalités derrière leur existence;
  4. les vecteurs influant ces trajectoires, qu’ils soient d’ordres déontologiques, économiques, éthiques, politiques, sociotechniques.

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