Appel à communication | Entre ruptures et continuités, prescription et émancipation: les dynamiques de la professionnalisation de la communication

Colloque international RESIPROC
Les 28 et 29 mai 2015 Université de Sherbrooke, campus Longueuil

Entre ruptures et continuités, prescription et émancipation: les dynamiques de la professionnalisation de la communication

Appel à communication
Extension de la date limite de proposition : 2 mars 2015

Communications attendues et procédure de soumission | Membres du comité scientifique | Informations complémentaires | Comité organisateur | Références citées

Les métiers de l’information et de la communication ont pris une expansion considérable dans les milieux professionnels ces dernières années, que cela soit dans les agences, les entreprises ou les institutions publiques. En février 2013, le Gouvernement du Canada notait d’ailleurs que cette tendance notable à la hausse « devrait  se maintenir au cours des prochaines années ». Elle s’expliquerait principalement « par la croissance de la demande en communication des entreprises, pour rejoindre leurs clientèles tant internes qu’externes ». En parallèle à cette expansion de l’activité, le nombre de formations liées à la communication, sous toutes ses formes, s’est multiplié participant de fait (par leur dénomination) à segmenter le champ de la communication en métiers. Ces formations, même si elles sont fort différentes d’une institution à l’autre, rendent compte en tout cas d’une dynamique de professionnalisation du secteur de l’information et de la communication, toutes disciplines confondues.

Dans un sens, cette dynamique est reconnue par les praticiens eux-mêmes (Jeffrey & Burton, 2012). « La communication s’est professionnalisée », disent-ils en nombre, pour exprimer plusieurs évolutions conjointes : une communication plus structurée dans les entreprises, des praticiens plus compétents et mieux formés, une activité aujourd’hui incontestée, reconnue et en développement. Mais, ils ajoutent dans le même temps, « aujourd’hui, tout le monde fait de la communication » signifiant la difficulté à délimiter une expertise propre et des pratiques légitimes. Comment départager alors le professionnel du praticien amateur ? Comment le communicateur peut-il faire valoir son professionnalisme ? Comment les communicateurs peuvent-ils développer une identité de métier si d’autres, les amateurs, n’ont pas les mêmes préoccupations professionnelles ou éthiques ? Dans quelle mesure le praticien peut-il exister professionnellement dans un monde de plus en plus communicant avec une identité floue ou fragile ? Ce paradoxe interroge sans doute le caractère plus ou moins différenciant des savoirs, savoir-faire et savoir-être en communication.

Dans ce contexte, de nouveaux territoires se dessinent, marqués par des jeux d’acteurs pour lesquels les questions de professionnalisation, mais aussi de légitimation et d’institutionnalisation de la pratique communicationnelle, recouvrent des enjeux particulièrement prégnants.

Ce colloque international propose d’interroger de front la notion de professionnalisation, mot-clef du réseau international sur la professionnalisation des communicateurs (RESIPROC), et de ses notions dérivées : professionnalisme et professionnel, voire profession. Ces notions revêtent à notre sens une importance toute particulière, qu’elles apparaissent de manière explicite ou implicite dans les travaux des chercheurs en communication comme dans les discours des praticiens (Cheney & Ashcraft, 2007). Afin de les aborder, les communications pourront s’inscrire dans les deux axes suivants, qui prennent la forme de deux couples dialectiques : ruptures et continuités d’une part, prescription et émancipation d’autre part.

Axe 1 : Ruptures et continuités (ou changements et permanences) au sein des fonctions de communication

Ce premier axe part du constat selon lequel il y aurait une injonction quasi permanente à repenser les pratiques professionnelles en communication du fait des évolutions du contexte social, politique, économique, culturel, des évolutions techniques et technologiques, des évolutions managériales en entreprise et des modes d’organisation du travail.

Cette injonction au changement, qu’elle émane de l’extérieur comme de l’intérieur des organisations, semble devenue une constante et un leitmotiv, si l’on considère les discours organisationnels. Or, elle soulève un certain nombre de questions :

  • Quelles sont les formes prises par cette injonction faite aux communicateurs ? Comment se traduit-elle concrètement, dans le dire comme dans le faire organisationnel ? Quel(s) sens peut-on lui donner et de quels enjeux est-elle porteuse ?
  • Cette injonction est-elle intériorisée ou rejetée par les praticiens en communication ? Suscite-t-elle des phénomènes d’appropriation, d’adhésion, de mise en conformité ou, a contrario, de défiance, de résistance, de retrait au sens d’Albert O. Hirschman (1995)?
  • Au-delà de l’injonction au changement, qu’est-ce qui ne change pas ? Quelles continuités peut-on percevoir dans les pratiques de communication ? Sur quelles permanences se construit l’identité des communicateurs ? Peut-on identifier des points structurants d’une professionnalisation de la communication au-delà des effets de mode ?
  • Quelles tensions se font jour entre les formes de changement (polymorphe), qu’il soit prescrit ou subi, et les formes de permanences ou de rémanences ? Autrement dit, dans quelle mesure la fonction de communication se situe-t-elle au cœur d’une dialectique, inhérente à l’organisation elle-même, entre ruptures et continuités ?

 Axe 2 : Logiques de prescription et logiques d’émancipation

Ce second axe explore une autre forme de tension, celle qui oppose des logiques de prescription, porteuses de contraintes voire de coercition, à des logiques d’émancipation et d’affranchissement, porteuses d’une promesse d’autonomie professionnelle. Qu’elles s’exercent au niveau des normes organisationnelles, managériales, juridiques, technologiques, sociétales, des formes de prescription peuvent être observées et analysées. Il existerait ainsi des « modèles de la communication professionnalisée, selon les pratiques et les standards forgés principalement dans les entreprises, [qui] font de plus en plus référence pour tous les secteurs d’activités » (Bernard, 2006).

Or, face à la généralisation de ces « modèles », contribuant à institutionnaliser et à légitimer les métiers de la communication, ne voit-on pas apparaître les marques d’une volonté d’émancipation, de libération de la part des individus eux-mêmes ? La sociologie des organisations, en premier lieu l’analyse stratégique, a bien montré la capacité des acteurs à élaborer des stratégies destinées à accroître leurs marges de manœuvre dans un environnement à la fois contraint et parcouru de « zones d’incertitudes », (Crozier et Friedberg, 1977). Quels sont les jeux d’acteurs et les stratégies déployées par les communicateurs en ce sens ?

Cet axe se propose donc d’explorer les pratiques, les discours, les dispositifs, les formes de relations et de médiations relevant d’une recherche d’émancipation et d’affranchissement, à la fois individuelle et collective :

  • Qu’est-ce qui permet au communicateur d’être professionnel (ou d’en avoir l’intime conviction) ?
  • Dans quelle mesure se construit, individuellement ou collectivement (par les associations professionnelles), un professionnalisme comme une sorte d’éthique professionnelle qu’il défend ?
  • Dans le même mouvement, dans quelle mesure ce professionnalisme dépend-il aussi de contraintes extérieures au groupe professionnel, portées par d’autres acteurs ou par le contexte de travail (normes de performance, mesures d’efficacité, etc.) ?
  • De l’un à l’autre, autour de quel point s’équilibre ce professionnalisme, toujours instable, toujours à garantir, toujours en devenir ?

Communications attendues et procédure de soumission

Les propositions de communications attendues doivent se présenter soit comme des analyses réflexives fondées sur des recherches empiriques récentes et achevées, soit comme des analyses de pratiques professionnelles en communication (témoignages de pratiques et réflexion sur les conditions de l’action, les justifications de l’action et les conséquences sur l’action). Dans l’un comme dans l’autre cas, les communications doivent être informatives, analytiques et réflexives, et s’inscrire dans l’un des deux axes proposés.

Les propositions doivent parvenir avant le 2 mars 2015 par voie électronique, en format Word (.doc) ou PDF (.pdf). Outre le texte de proposition en lui-même (maximum de 5000 signes, espaces compris), les documents doivent impérativement préciser, pour chaque auteur, le nom, le statut, l’organisation ainsi que les coordonnées (adresses électronique et postale).

Les propositions doivent être transmises aux organisateurs :

Vincent Brulois : brulois@sic.univ-paris13.fr

Marie-Eve Carignan : Marie-Eve.Carignan@USherbrooke.ca

Amaia Errecart : amaia.errecart@free.fr

Après examen en double aveugle du comité scientifique, le comité d’organisation retournera son avis aux auteurs le 20 mars 2015 au plus tard.

Les auteurs retenus devront alors proposer une première version complète de leur communication (entre 30000 et 35000 signes espaces compris, bibliographie non comprise) pour le 15 mai 2015. Après le colloque, une sélection des communications, des débats et des échanges sera publiée dans les 4es Cahiers du RESIPROC (Presses de l’Université de Louvain) pour une parution en début 2016.

Le colloque se tiendra les 28 et 29 mai 2015 au campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke. Il comportera des plénières, des tables rondes et des présentations de professionnels des communications.

Membres du comité scientifique

  • Dany Baillargeon, Université de Sherbrooke
  • Nicolas Bencherki, University at Albany, State University of New York
  • Nadège Broustau, Université du Québec à Montréal
  • Vincent Brulois, LabSIC, Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité
  • Marie-Eve Carignan, Université de Sherbrooke
  • Alexandre Coutant, Université de Franche-Comté
  • Patrice de la Broise, Université Lille 3 Charles de Gaulle
  • Marc D. David, Université de Sherbrooke
  • Jean-Claude Domenget, Université de Franche-Comté
  • Amaia Errecart, LabSIC, Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité
  • Philippe Fache, Lara, ICD
  • François Lambotte, Université Catholique de Louvain
  • Valérie Larroche, Université Lyon 3 – ELICO Lyon
  • Valérie Lépine, Université Grenoble 2
  • Fabienne Martin-Juchat, Université Grenoble 3 – GRESEC
  • Jean-Luc Moriceau, Institut Mines-Telecom/Telecom École de Management – LITEM
  • Laurent Morillon, Université Toulouse 3 – LERASS
  • Bernard Motulsky, Université du Québec à Montréal
  • Marie-France Peyrelong, Enssib et ELICO Lyon
  • Véronique Richard, GRIPIC, CELSA, Université Paris-Sorbonneà
  • Sandrine Roginsky, Université Catholique de Louvain
  • Emmanuelle Savignac, CERLIS, Université Paris 3 Sorbonne Nouvelle
  • Julien Tassel, GRIPIC, CELSA, Université Paris-Sorbonne

Informations complémentaires

Pour se rendre sur les lieux du colloque

Veuillez noter que le campus de Longueuil de l’Université de Sherbrooke est situé directement à la station de métro Longueuil – Université de Sherbrooke, qui lie le campus au centre-ville de Montréal. De la station de métro Berri-UQÀM, vous pouvez transiter directement vers la ligne jaune (ligne 4) qui vous conduit à l’Université en quelques minutes. Pour tous les détails, cliquez ici.

Hébergement

Ainsi, vous pouvez aisément réserver un hébergement sur l’île de Montréal pour participer au Colloque international du RESIPROC 2015.

Quel que soit votre choix, nous vous recommandons de vérifier que l’hôtel que vous choisissez correspond à vos critères sur tripadvisor.com ou sur Internet. Veuillez noter que les villes de Montréal et de Longueuil sont très sécuritaires et qu’il convient tout à fait de s’y déplacer à pied et en métro.

Quelques hôtels situés à proximité du centre-ville de Montréal ou du métro Berri-UQÀM :

Pour voir la liste complète des hôtels situés au centre-ville de Montréal, cliquez ici.

Pour consulter la liste des auberges de jeunesse situés à Montréal, cliquez ici.

Pour consulter la liste des hôtels dans le secteur du campus de Longueuil, cliquez ici.

 Membres du comité organisateur

Vincent Brulois, LabSIC, Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité

Marie-Eve Carignan, Université de Sherbrooke

Marc D. David, Université de Sherbrooke

Amaia Errecart, LabSIC, Université Paris 13 – Sorbonne Paris Cité

À propos du RESIPROC

Pour en savoir davantage sur le RESIPROC 

Le numéro 2 des cahiers du RESIPROC «Pratiques et réflexions autour des dispositifs d’apprentissage et de formation des communicateurs » (2014), édité par Valérie Lépine et Marc D. David, est maintenant accessible en ligne via: http://pul.uclouvain.be/fr/collections/resiproc/

Références citées dans l’appel à communications

BERNARD, Françoise, 2006, « Les SIC, une discipline de l’ouverture et du décloisonnement », dans BOUZON, A. (dir.), La communication organisationnelle en débat. Champs, concepts, perspectives, Paris : L’Harmattan, p. 34.

CROZIER, Michel et FRIEDBERG, Erhard, 1977, L’Acteur et le système : les contraintes de l’action collective, Paris : Seuil.

GOUVERNEMENT DU CANADA, 2013, « Professionnels des relations publiques et des communications », Emploi-Avenir Québec [En ligne], dernières modifications le 3 septembre 2013. URL : http://www.servicecanada.gc.ca/fra/qc/emploi_avenir/statistiques/5124.shtml

HIRSCHMAN, Albert O., 1995 (1e éd. 1970), Défection et prise de parole, Paris : Fayard.

JEFFREY, Lynn et BURTON, Margareth (2012), Professional identity: How communication management practitioners identify with their industry, Public Relations Review 38, 156–158

CHENEY, George & ASHCRAFT, Karen Lee (2007) Considering ‘‘The Professional’’ in Communication Studies: Implications for Theory and Research Within and Beyond the Boundaries of Organizational Communication, Communication Theory 17, 146–175